Publié le Mardi le 17 janvier 2023

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Avoir un mode de vie physiquement actif apporte de nombreux bienfaits, peu importe notre corpulence. Cependant, nous ne bénéficions pas toutes et tous des mêmes opportunités pour pratiquer une activité physique. En plus des coûts et des nombreux enjeux à considérer (temps, accessibilité…) avant de se rendre dans sa salle de gym préférée, son cours de yoga chaud ou à son match de basketball, plusieurs personnes grosses* doivent faire face à des jugements négatifs dans leur tentative de vivre une vie saine et active !

D’où viennent ces préjugés qui visent les personnes grosses lorsqu’elles pratiquent une activité physique ?

La grossophobie est en grande partie basée sur des préjugés qui associent le poids à des choses négatives. Parmi ces fausses croyances, on retrouve l’idée que les personnes grosses le sont parce qu’elles ne font pas d’activités physiques ou manquent de volonté. Malheureusement, ces préjugés peuvent se transformer en regards dépréciatifs ou en commentaires blessants sur le poids et l’apparence. Certaines personnes grosses témoignent que c’est parfois leur entraineur.euse qui leur propose automatiquement une routine d’exercices pour perdre du poids, avant même de leur demander ce qu’elles recherchent (1). Enfin, pour ne rien arranger, les équipements sportifs et les activités ne sont pas toujours adaptés à toutes les corpulences (2).

Quelles sont les conséquences de cette grossophobie dans le monde de l’activité physique ?

Ces préjugés négatifs et ces remarques désobligeantes peuvent être internalisés par tous ceux et celles qui en sont victimes ou témoins (2). Dans ce cas, les personnes concernées peuvent aller jusqu’à douter de leurs habiletés motrices et rejeter leur apparence à cause de la manière dont elles se perçoivent (2,3). On se doute bien que dans ce contexte, il est très peu motivant de retourner faire sa pratique d’activités physiques au même endroit. Cela joue beaucoup sur le plaisir que l’on a d’être actif.ive et peut même conduire à ne plus vouloir pratiquer une activité physique en public (3)! Cette peur du jugement des autres (et de soi!) peut aussi pousser à adopter des comportements malsains pour contrôler à tout prix son poids. Par exemple, en faisant des régimes drastiques ou en prenant des pilules amaigrissantes (4). Or, ces comportements peuvent être dangereux pour la santé et il faut se méfier des promesses miraculeuses de l’industrie de la minceur !

Que faire dans cette situation ?

Être gros.se ne veut pas dire être en mauvaise santé, ou être incapable d'être physiquement actif.ive de manière régulière. La pratique d’activités physiques relaxe l’esprit, favorise les liens sociaux, renforce le corps et fait tout simplement plaisir! Il est donc nécessaire que les différents espaces qui proposent des activités physiques le fassent de manière inclusive et respectueuse, afin que toutes et tous puissent le faire sans craindre le regard des autres. Cela est essentiel, car un mode de vie physiquement actif est bénéfique pour notre santé mentale et physique !

* Ce terme est utilisé comme un qualificatif descriptif pour désigner la grosseur, sans connotation négative.

Avez-vous déjà observé ou vécu des manifestations de la grossophobie dans le monde du sport ou de l'activité physique?

Safiétou Sakala
À propos de l'autrice Titulaire d’un baccalauréat en psychologie de l’Université d’Ottawa et d’une maîtrise en santé publique de l’Université de Montréal, Safiétou a toujours eu un intérêt pour la psychologie sociale et la manière dont nous influençons chacun la santé de l’autre. Après avoir débuté sa carrière comme conseillère au sein d’un programme d’aide aux employés, elle se joint à l’équipe de la Coalition québécoise sur la problématique du poids, à la suite d’un stage professionnel. Elle occupe désormais le poste de conseillère aux politiques publiques et est notamment chargée des projets en rapport avec le Groupe de travail provincial sur les problématiques du poids.

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