Maman prend soin d’elle, est-ce de l’égoïsme ?
Dans ma pratique, j’aime bien poser cette question : « Quel est le plus beau cadeau que tu pourrais t’offrir?». Combien de mamans ai-je entendu répondre, spontanément, sans hésitation : «Du temps pour moi, seule!». Il serait facile de leur dire tout bonnement : «Alors prends-en!». Mais comment se fait-il que pour plusieurs mamans, cela ne soit pas si instinctif? Ou perçu comme étant inaccessible ou impensable? Qu’il soit si difficile de prendre du temps pour soi alors que la société nous propose une panoplie d’activités de ressourcement? Comment se fait-il que certaines mamans se sentent si égoïstes de prendre du temps pour elles?
Pour répondre à ces questionnements, une réflexion sur l’égoïsme s’impose. Par définition, l’égoïsme implique de ne s’attarder qu’à ses besoins personnels, au détriment de ceux des autres. Jusque là , ça va. Mais là où cela peut se complexifier est que l’idée qu’une personne se fait de l’égoïsme est largement façonnée par les environnements sociaux dans lesquels elle évolue. Elle change donc d’une personne à l’autre. Ai-je grandi dans une famille où il était bien vu de ne penser qu’aux autres, où l’idée de se faire plaisir était condamnée? Ai-je un travail où la performance est valorisée, le dévouement total, où vouloir ralentir est signe de faiblesse? Dans mon couple, dans ma famille, est-il correct de s’accorder des moments seuls?
Plus largement, comment la société dans laquelle j’évolue présente l’égoïsme? Dans une société comme la nôtre, où la performance, l’autonomie et la responsabilité individuelle sont mis de l’avant, les parents peuvent ressentir la pression d’être autonomes dans l’éducation de leur enfant, de réussir toutes leurs tâches parentales et d’être performants dans leurs différents rôles. Ainsi, si je suis fatiguée et que je me sens au bout du rouleau, ma réflexion pourrait être : «Je devrais être capable de réussir… toutes les autres mamans réussissent, elles, pourquoi ne suis-je pas capable d’être une bonne maman?». La pression sociale peut donc aussi devenir culpabilisante et freiner l’élan de prendre du temps pour soi.