Publié le Lundi le 3 novembre 2025

Mon rythme

« Si je m’écoutais vraiment, je ne bougerais jamais. » C’est une phrase que j’entends souvent en tant que kinésiologue quand je parle d’activité physique intuitive. Cette phrase exprime bien la peur de « trop écouter » son corps… Pourtant, c’est une fausse croyance. Notre corps est naturellement fait pour bouger. Si l’envie de bouger semble absente, c’est peut-être parce que nous avons désappris à écouter notre corps et à reconnaître ce dont il a vraiment besoin.

Après plusieurs heures sans bouger, le corps réclame du mouvement. Tout comme les enfants qui bougent naturellement, notre corps adulte garde ce besoin. Pourtant, plusieurs personnes associent l’activité physique à une obligation exigeante et non à un moment agréable.

L’activité physique intuitive, pourquoi et comment?

L’activité physique intuitive propose de réconcilier le corps et le mouvement. Elle invite à retrouver une relation plus libre, plus bienveillante, plus connectée à soi, et surtout plus personnalisée. 

Encore en développement dans la littérature scientifique, le concept s’appuie sur plusieurs principes clés issus de la recherche et de la pratique clinique. Ces principes peuvent être regroupés en deux grandes catégories. 

Les principes permettant de réduire les obstacles à l’écoute de son corps :

  • Rejeter la culture de la minceur
  • Déconstruire les fausses croyances sur ce que « devrait » être l’activité physique
  • Intégrer avec bienveillance les recommandations sur l’activité physique
  • Intégrer une variété d’activités physiques

Pour appliquer ces principes, laissez tomber les règles toutes faites. Redéfinissez votre propre façon de bouger, même si elle ne ressemble pas exactement aux standards ou aux recommandations. Acceptez que votre niveau d’énergie fluctue, que vos envies changent et que toutes les façons de bouger comptent. Osez diversifier vos activités afin de vous permettre de mieux répondre à vos besoins du moment.

Voici un exemple concret. Après une longue journée, vous êtes fatigué.e, mais vous sentez aussi un certain inconfort à être resté.e immobile trop longtemps. Alors vous vous découragez : « Je n’ai pas d’énergie pour bouger! », car vous avez appris que c’était valable seulement si vous bougiez au moins 30 minutes en ayant chaud, le souffle court ou en ayant mal. Vous vous rappelez ensuite cet article qui vous incite à mettre de côté vos idées préconçues sur l’activité physique. Vous vous levez, vous vous étirez doucement, puis vous enfilez vos souliers pour marcher cinq minutes autour du pâté de maisons. En revenant, vous vous sentez un peu plus ancré.e, plus détendu.e. Ce n’était peut-être pas l'entraînement de l'année, mais c’était exactement ce dont vous aviez besoin. Votre corps et votre tête se sentent mieux pour terminer la journée en beauté.

Les principes permettant de favoriser une meilleure conscience corporelle :

  • Bouger pour le plaisir et la satisfaction
  • Reconnaître et faire confiance à ses signaux corporels
  • Se donner le droit inconditionnel de se reposer
  • Questionner la relation entre émotions et activité physique

Pour appliquer ces principes, revenez au ressenti. Choisissez de bouger parce que ça vous fait du bien, et non pour cocher une case sur votre liste de choses à faire. Apprenez à reconnaître quand votre corps a besoin de repos, d’intensité ou de douceur. Observez si vous utilisez parfois l’activité physique pour fuir une émotion au lieu de réellement prendre soin de vous.

Voici un exemple concret. Vous avez une folle envie d’aller courir après une journée très stressante. Avant d’enfiler vos espadrilles, vous prenez un moment pour vous demander si c’est vraiment une bonne idée, car c’est la 3e fois en 3 jours que le stress vous pousse à aller courir. Peut-être qu’il y a une autre solution à mettre de l’avant pour réduire les sources de stress. Vous réalisez aussi que ce n’est pas d’intensité dont vous avez besoin, mais d’apaisement. Vous choisissez plutôt une courte séance de yoga relaxant. Vous avez bougé et surtout, vous vous êtes respecté.e. Vous vous mettez ensuite à la recherche de solutions pour réduire les sources de stress dans votre quotidien.

En répétant des exemples comme ceux mentionnés ici, vous nourrissez doucement une relation bienveillante avec l’activité physique, ce qui est vraiment gagnant à long terme pour la motivation à être actif.ive. 

Et vous, lequel de ces principes pourriez-vous mettre en pratique dès aujourd’hui pour transformer votre relation avec l’activité physique?

Jo-Anne Gilbert
Docteure en kinésiologie
À propos de l'autrice

Docteure en kinésiologie

Jo-Anne Gilbert est docteure en kinésiologie, professeure adjointe de clinique à l’Université de Montréal et fondatrice d’Imparfait.e. Elle accompagne les personnes qui souhaitent entretenir une relation plus saine avec leur corps, en misant sur le plaisir, la liberté et le respect de soi. Elle s’intéresse particulièrement à l’activité physique intuitive, à l’impact de la stigmatisation liée au poids et à tout ce qui influence nos habitudes de vie au quotidien. Elle milite pour une approche en santé plus inclusive, humaine et durable. 

www.imparfaits.ca


Articles qui pourraient vous intéresser
Qu’est-ce que la neutralité corporelle et comment peut-elle m’aider à bouger pour le plaisir?

Par Dominique Champagne

Comment la pleine conscience en mouvement peut m’aider à améliorer mon image corporelle?

Par Dominique Champagne

Comment la grossophobie se manifeste-t-elle dans le monde de l'activité physique?

Par Safiétou Sakala

Est-ce possible d’être maman et d’avoir du plaisir en bougeant?

Par Sarah Baribeau

Les applications en activité physique : motivation ou obligation?

Par Dominique Champagne

Comment faire pour bouger quand on a des difficultés avec notre image corporelle?

Par Dominique Champagne