Publié le Mercredi le 11 janvier 2023
Mon corps
Quelle est la silhouette idéale : un corps mince ou musclé? Les caractéristiques du corps dit « parfait » changent constamment dans notre société et ces changements ne sont pas nécessairement positifs. Tant qu’on se sent obligé.e de ressembler à quelqu’un d’autre, même si c’est pour être plus en santé, c’est une pression qui nuit à notre santé physique et psychologique.
La silhouette athlétique, une nouvelle mode
Depuis longtemps, être mince est considéré comme le standard de beauté à atteindre, surtout pour les femmes. Dans les dernières années, on a compris que cet idéal n’était pas réaliste pour la plupart des personnes. En fait, vouloir être mince à tout prix peut même conduire à des comportements à risque, et même à un trouble alimentaire. L’idéal physique s’est donc transformé et se décrit de plus en plus comme athlétique, musclé ou fit. Ce nouveau standard de beauté vient entre autres des médias sociaux où on est bombardé.e d'images et de conseils sur l'activité physique et le fitness. Même dans les campagnes de santé publique, on accorde beaucoup d’importance à l’activité physique.
Bouger apporte sans aucun doute de nombreux bienfaits pour la santé physique et psychologique (1)(2). Cependant, lorsque l’activité physique est faite pour atteindre une silhouette athlétique, on fait face à un idéal de beauté tout aussi exigeant et rigide que l'idéal de minceur. En fait, 73 % des femmes qui désirent avoir un corps plus musclé font de l'activité physique pour changer l’apparence de leur corps (3).
L’idéal athlétique, meilleur pour la santé?
L’idéal de beauté athlétique est souvent décrit comme plus « santé », puisqu’il est associé à l’activité physique. Cependant, pour atteindre l’idéal athlétique, on doit avoir des muscles particulièrement développés, en plus d’être mince. Ce corps idéal est très difficile à atteindre et exige des bouleversements importants dans les habitudes de vie (4). Même si faire de l’activité physique est associé à la santé, désirer à tout prix obtenir une silhouette athlétique est plutôt associé à une augmentation des comportements à risque, comme faire de l’exercice de façon excessive, faire des diètes à répétition et faire des crises de boulimie (5)(6). Valoriser l’idéal athlétique est aussi associé à plus
d’attitudes grossophobes envers les personnes de poids élevé.
La mode de l’idéal athlétique cache donc un standard de beauté tout aussi difficile à atteindre et dangereux pour la santé que l'idéal de minceur. Faire de l’activité physique, c’est bon pour la santé tant qu’on le fait pour des raisons positives!
« J’aime ça m’entraîner parce que ça me fait sentir fort.e! »
« J’aime la course parce que ça me détend! »
« Avant, je m’entraînais au gym pour avoir l’air plus musclé.e, maintenant j’aime mieux jouer au soccer avec mes ami.e.s parce que c’est plus le fun!»
Et vous, voyez-vous autour de vous des exemples de promotion de la silhouette athlétique?
Références :
(1) Ginis, K. A. M., Strong, H. A., Arent, S. M., Bray, S. R., & Bassett-Gunter, R. L. (2014). The effects of aerobic-versus strength-training on body image among young women with pre-existing body image concerns. Body image, 11(3), 219-227.
(2) Warburton, D. E., & Bredin, S. S. (2017). Health benefits of physical activity: a systematic review of current systematic reviews. Current opinion in cardiology, 32(5), 541-556.
(3) Kyrejto, J. W., Mosewich, A. D., Kowalski, K. C., Mack, D. E., & Crocker, P. R. (2008). Men's and women's drive for muscularity: Gender differences and cognitive and behavioral correlates. International Journal of Sport and Exercise Psychology, 6(1), 69-84.
(4) Raggatt, M., Wright, C. J., Carrotte, E., Jenkinson, R., Mulgrew, K., Prichard, I., & Lim, M. S. (2018). “I aspire to look and feel healthy like the posts convey”: engagement with fitness inspiration on social media and perceptions of its influence on health and wellbeing. BMC public health, 18(1), 1-11.
(5) Donovan, C. L., Uhlmann, L. R., & Loxton, N. J. (2020). Strong is the new skinny, but is it ideal?: a test of the tripartite influence model using a new measure of fit-ideal internalisation. Body Image, 35, 171-180.
(6) Holland, G., & Tiggemann, M. (2017). “Strong beats skinny every time”: Disordered eating and compulsive exercise in women who post fitspiration on Instagram. International Journal of Eating Disorders, 50(1), 76-79.
Marie-Pierre Gagnon-Girouard
À propos de l'autrice
Comme professeure-chercheuse, Marie-Pierre s’intéresse à l’image corporelle et aux mouvements sociaux qui l’influencent, comme la grossophobie et le féminisme. Elle cherche à identifier comment influencer les attitudes de la population pour faciliter le développement d’une image corporelle positive et réduire la dévalorisation sociale des personnes qui ne correspondent pas aux standards de beauté. Comme psychologue, elle travaille avec des personnes qui ont un trouble alimentaire ou qui se questionnent sur leur rapport à leur corps et leur façon de manger. Elle adore enseigner et vulgariser la science pour permettre à tout le monde de mieux se comprendre.
« On vit dans une culture du contrôle de soi, comme si on devait tout réussir. On pense que les personnes qui ne correspondent pas au corps idéal sont à blâmer parce qu’elles ne font pas assez d’efforts pour être en santé. Notre corps n’est pas fait en pâte à modeler! C’est faux de croire qu’on peut le redessiner à force de discipline et de volonté. »