Plusieurs s’interrogent sur ce qu’est l’hyperphagie boulimique. J’ai donc décidé de répondre à cette question car il s’agit d’un trouble méconnu et qui pourtant, touche autant de personnes que l’anorexie mentale et la boulimie.
Des pertes de contrôle alimentaires
La personne qui souffre d’hyperphagie boulimique a tendance à perdre le contrôle avec la nourriture. Il y a donc des moments lors desquels elle consomme une très grande quantité d’aliments – plus que ce que la plupart des gens mangeraient dans la même période de temps – en ayant la sensation de ne pas être capable de s’arrêter. À la différence de la boulimie, ces crises ne sont pas accompagnées de comportements compensatoires (vomissements, jeûne, exercice physique excessif, etc.) dans le but d’éviter de prendre du poids. Il arrive donc fréquemment que cette problématique soit accompagnée d’une prise de poids. En fait, l’hyperphagie boulimique toucherait environ 30% des personnes en surplus de poids qui tentent de perdre du poids et cela comprend des hommes aussi.
Pour en faire le diagnostic, ces pertes de contrôle doivent survenir au moins une fois par semaine depuis trois mois et être source de souffrance marquée. Voici un exemple de ce qu’une personne qui souffre d’hyperphagie boulimique peut vivre comme situation :
« Quand je reviens du travail et que je me retrouve seule le soir, je ne prends pas toujours la peine de me faire un bon repas. J’essaie de résister à ne pas manger en soirée, mais je finis souvent par perdre le contrôle… je mange toutes sortes de choses sans arriver à m’arrêter. Ensuite, alors que je suis trop pleine, je me sens mal et c’est la culpabilité qui m’envahit…»
La souffrance reliée
Les personnes aux prises avec ce trouble alimentaire vivent une détresse importante. La honte, le dégoût et la culpabilité deviennent difficiles à supporter au quotidien. La qualité de vie de la personne s’en voit donc grandement affectée. De plus, environ le tiers des personnes atteintes d’hyperphagie boulimique souffriraient ou aurait déjà souffert de dépression. Cela est sans parler de la relation difficile qu’elles entretiennent avec la nourriture et leur corps.
Dans ma pratique, je rencontre souvent des personnes qui vivent cette problématique. Dans la plupart des cas, les personnes qui en souffrent ne comprennent pas ce qui se passe et croient qu’elles manquent tout simplement de volonté. En réalité, la problématique est beaucoup plus complexe que cela.
Sortir de l’isolement et demander de l’aide
Plusieurs facteurs peuvent contribuer à ce  trouble et faire en sorte qu’il soit difficile de s’en sortir sans aide. Des difficultés interpersonnelles, une gestion difficile des émotions et une faible estime de soi en sont des exemples.
Ce billet a suscité un questionnement en vous? Vous vous reconnaissez dans cette problématique ou vous croyez que quelqu’un de votre entourage puisse en souffrir? Je vous invite à aller chercher de l’aide auprès d’un professionnel de la santé qualifié. Consultez le répertoire d’intervenants d’ÉquiLibre et d’Anorexie et Boulimie Québec.
L’hyperphagie boulimique est un trouble des conduites alimentaires reconnu dans le Manuel diagnostic et statistique des troubles mentaux (DSM-V). Certaines personnes peuvent en souffrir sans toutefois être en mesure de nommer leur détresse.
C’est pourquoi il est important de sensibiliser non seulement la population mais également d’outiller les professionnels de la santé à reconnaître cette pathologie.Â
Références :
American Psychiatric Association. (2013). Feeding and Eating Disorders. Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders (5th Edition). Whashington, DC: American Psychiatric Publishing.
Grilo, C. M., & Mitchell, J. E. (2010). The Treatment of Eating Disoders: A clinical handbook. New York: The Guilford Press.
Hudson, J., Hiripi, E., Pope, H., & Kessler, R. (2007). The prevalence and correlates of eating disorders in the National Comorbidity Survey Replication. Biological Psychiatry, 61(3), 348-358.
Marcus, M. D., & Levine, M. D. (2004). Obese Patients with Binge-Eating Disorder. Dans D. J. Goldstein, The Management of Eating Disorders and Obesity (2th ed., p. 143-160). New Jersey: Humana Press Inc.