Qu’est-ce que la grossophobie internalisée?

La grossophobie – soit l’ensemble des pensées et des comportements négatifs à l’égard des personnes grosses, la valorisation systématique des corps minces, la peur de prendre du poids et une multitude d’autres jugements de valeur projetés sur les gens trop corpulents selon les standards sociaux – règne partout. À l’intérieur de nous aussi? Eh oui! Tour d’horizon de la question.

Définition

L’American Psychological Association définit l’internalisation comme « un processus mental non conscient, au cours duquel les caractéristiques, croyances, sentiments ou attitudes d’autres personnes ou groupes sont assimilés et adoptés par une personne ». Pour sa part, l’autrice, conférencière et consultante Edith Bernier estime que « la grossophobie internalisée est une forme de grossophobie qui aurait été assimilée et adoptée par une personne dans le cadre d’un processus mental inconscient ». Autrement dit, on ne réalise pas toujours que la grossophobie internalisée fait partie de nous, ce qui la rend particulièrement sournoise, difficile à cerner et à combattre.

Un type de grossophobie qui touche tout le monde

On peut en effet s’identifier comme un.e activiste antigrossophobe et militer chaque jour pour un monde plus inclusif et diversifié, et avoir tout de même des attitudes, des comportements ou des pensées grossophobes envers les autres ou soi-même (en craignant ou en s’en voulant de gagner quelques livres, en pensant qu’on mérite d’être discriminé.e sur la base de notre poids, en croyant qu’on est une plus belle ou une meilleure personne après une perte de poids). Tout ça, sans le savoir. D’ailleurs, la plupart des gens développent une forme de grossophobie internalisée au cours de leur vie, bien souvent dès l’enfance, entre autres via des adultes jouant un rôle significatif dans nos vies, par la culture des diètes et les standards de beauté véhiculés dans les médias, la publicité et la culture populaire. « La grande majorité de la population vit avec une grossophobie internalisée, confirme Edith Bernier. À force d’être constamment confronté.e.s à des pensées ou à des situations grossophobes, on absorbe les messages et on pense qu’ils sont vrais, de façon consciente ou non. On est des éponges, c’est donc tout à fait normal! »

Comment s’en défaire ?

Le meilleur truc pour combattre la grossophobie internalisée? D’abord, la reconnaître, même si ça peut chambouler pas mal de choses en nous. Ensuite, travailler fort pour remettre nos pensées en question; revoir la façon dont on parle de nous-mêmes ou de notre corps. Et enfin, s’exposer à autre chose que ce dont on a l’habitude de se nourrir au quotidien, notamment en s’efforçant d’intégrer dans notre consommation culturelle des gens de tout âge et d’une diversité ethnique, corporelle, religieuse, capacitaire, d’identité de genre ou sexuelle… « Si on veut voir une différence dans les milieux de travail, de la pub, des divertissements et des médias sociaux, il faut encourager les entreprises et les individus à montrer quelque chose de distinct et de vrai – par exemple de la cellulite et des bourrelets – de façon moralement neutre ou même positive », recommande Edith Bernier. Ça prendra certainement du temps pour déconstruire (si Rome ne s’est pas bâtie en un jour, la grossophobie internalisée non plus!) tous ces réflexes inconscients, mais quand on sait que c’est pour le mieux, il devient plus facile et évident de faire tout ce qu’on peut pour y arriver.

Sauriez-vous identifier vos pensées ou attitudes qui relèvent de la grossophobie internalisée?

Ce billet de blogue est une collaboration spéciale dans le cadre de notre campagne La grossophobie, ça suffit! Découvrez notre websérie Le GROS talk-show qui déconstruit les mythes les plus populaires qui entretiennent la grossophobie. Plusieurs autres contenus sont également disponibles sur la page de la campagne et sur nos réseaux sociaux Facebook et Instagram.

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