Lorsque j’anime des ateliers auprès de parents, plusieurs me disent avoir tout essayé pour que leurs enfants mangent leur repas principal : récompenser, punir, argumenter, insister, exiger un nombre de bouchées… En plus d’être découragés, ils sont souvent inquiets de la quantité d’aliments consommée par leur enfant.
Rappelons-nous que les enfants naissent avec une personnalité bien à eux, mais aussi avec certains goûts et aversions. Cela évolue au fil des années, mais il reste que certains enfants sont plus ouverts aux nouveaux aliments que d’autres. Malgré leur unicité, tous les enfants sont en apprentissage pour découvrir les aliments. Ils souhaitent tous se sentir compétents et développer leur autonomie au niveau de leur alimentation. Certains auront besoin de plus d’accompagnement que d’autres. En tant que parent, notre propre éducation alimentaire, nos expériences et nos valeurs par rapport à l’alimentation peuvent aussi nous rendre la tâche plus difficile.
Afin de savoir si vos attitudes en tant que parent vous permettent de bien guider votre enfant dans sa découverte des aliments, je vous invite à répondre à ces quelques questions :
Insistez-vous pour que votre enfant mange ou goûte?
Dans le mot « insister » j’inclus aussi : argumenter, récompenser, faire du chantage, négocier… Par exemple : une bouchée pour grand-maman; deux autres bouchées et tu auras ton dessert; si tu ne goûtes pas, pas de télévision ce soir! Lorsqu’on s’inquiète de la quantité d’aliments consommée par son enfant, il est normal d’essayer par tous les moyens de le convaincre de manger. Par contre, il faut retenir que cela est contre-productif. L’enfant interprète alors que le fait de manger certains aliments est une corvée, que ce n’est pas agréable et que ça demande un effort. Sa relation face à ces aliments risque de devenir plutôt négative. Par exemple, un enfant qui doit manger au moins cinq bouchées de légumes risque de ne pas avoir envie de cuisiner ces aliments lorsqu’il sera adulte. De plus, en insistant pour qu’il mange une certaine quantité ou une bouchée de plus de tel aliment, cela lui envoie le message qu’il ne peut pas faire confiance à son corps.
Compensez-vous par autre chose lorsque votre enfant mange peu?
Lorsque leur enfant mange moins au souper, plusieurs parents ont pris l’habitude de donner une double portion de dessert ou d’offrir une plus grosse collation après le repas. D’autres vont cuisiner un repas différent de celui servi au reste de la famille, spécialement pour leur enfant plus difficile. L’enfant comprend assez rapidement qu’il n’a aucun avantage à manger le plat principal puisque, de toute façon, il aura quelque chose qu’il aime par la suite. Bien que rassurante pour les parents, cette façon de faire ne fait qu’entretenir un cercle vicieux et n’offre pas à l’enfant l’occasion de vivre une expérience positive avec une variété d’aliments.
Offrez-vous une porte de sortie à chaque repas?
Les enfants plus difficiles peuvent être stressés devant un repas dont ils ne reconnaissent aucun aliment qu’ils apprécient. Dans ce cas, il peut être utile de prévoir un aliment « porte de sortie » à chaque repas. Votre enfant rechigne devant le poisson et le brocoli, mais vous savez qu’il aime les pommes de terre pilées? Offrez ces trois aliments dans le même repas. Il sera rassurant pour votre enfant de savoir qu’il y a toujours au moins un aliment dans l’assiette qu’il apprécie.
Placez-vous le dessert sur un piédestal?
Avez-vous remarqué que les enfants (et même les adultes!) sont attirés vers les interdits ou les restrictions? Par exemple, si on présente le dessert à son enfant comme une récompense pour avoir mangé cinq bouchées ou encore qu’on lui rappelle constamment que ce type de plat est moins nutritif, plus sucré et qu’il ne doit pas trop en manger, il risque de développer une attirance exagérée vers le dessert. La meilleure stratégie est de le présenter comme une composante du repas. Ainsi, peu importe ce que l’enfant a mangé, il a droit à sa portion de dessert.
Prenez un peu de temps pour réfléchir et mettre en application ces quelques conseils. La deuxième partie de ce billet de blogue vous donne d’autres stratégies afin d’accompagner votre enfant dans la découverte et l’appréciation des aliments. Entre-temps, si vous ressentez de l’inquiétude par rapport à l’alimentation, au poids ou à la croissance de votre enfant, consultez un médecin ou un.e nutritionniste spécialisé.e en petite enfance.
Et vous, quels sont vos trucs pour amener votre enfant à manger avec plaisir une plus grande variété d’aliments?
Parution initiale: Avril 2017
Mise à jour: juin 2024
Référence :
Your child’s weight : helping without harming, Ellyn Satter, 2005.