Les réseaux sociaux font désormais partie du quotidien des personnes de tous âges. Toutefois, leur influence sur les jeunes mérite une attention particulière. Ceux-ci en retirent des bénéfices tels que la socialisation, la découverte de leur identité, le sentiment d’appartenance à une communauté, l’inspiration, etc. Cependant, les réseaux sociaux peuvent aussi avoir des effets néfastes, comme nuire au développement d’une image corporelle positive.
Comprendre comment les réseaux sociaux influencent l’image corporelle et transmettre de bonnes pratiques numériques aux jeunes permettent de renforcer leur esprit critique et de favoriser leur bien-être en ligne.
Une relation directe a été établie entre le temps passé sur les réseaux sociaux et l’insatisfaction corporelle1. Cependant, la façon d’utiliser ces plateformes (et donc pas seulement le temps passé sur celles-ci) influencerait davantage l’image corporelle des usager.ère.s, notamment des jeunes. En ce sens, une utilisation des réseaux sociaux axée sur l’apparence serait davantage associée à des répercussions négatives sur la perception de son corps2.
Une utilisation axée sur l’apparence, c’est être exposé.e et interagir avec du contenu présentant des images de corps (parfois retouchées) ou des selfies et s’engager dans des conversations portant sur l’apparence. En contrepartie, une utilisation générale, moins axée sur l’apparence, c’est être exposé.e et interagir avec du contenu centré sur l’être, l’intérêt et l’accomplissement sans référence corporelle (p. ex. éducation, paysages) et s’engager dans des conversations qui portent sur les personnes plutôt que sur leur apparence.
De plus, chaque jeune peut réagir différemment au contenu auquel il est exposé sur les réseaux sociaux selon ses caractéristiques personnelles. Certaines d’entre elles sont protectrices pour l’image corporelle alors que d’autres peuvent rendre les jeunes plus vulnérables face au contenu axé sur l’apparence.
| Caractéristiques protectrices | Caractéristiques qui augmentent la vulnérabilité |
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La façon de se représenter sur les réseaux sociaux est naturellement influencée par le désir de bien paraître et de plaire. Beaucoup de gens ressentent le besoin de publier la « meilleure » photo, d’utiliser des filtres pour correspondre aux standards de beauté, de partager uniquement les éléments positifs de leur vie ou même de retoucher leur photo. Recevoir des rétroactions positives (mentions « j’aime » et commentaires) peut être une motivation à rendre ses publications « parfaites ». La crainte de la critique et du jugement peut aussi motiver certaines personnes à améliorer ce qu’elles publient. En raison de ce phénomène, une illusion de perfection règne sur les réseaux sociaux.
Même si nous sommes souvent conscient.e.s de ce phénomène, nous avons (les jeunes comme les adultes!) tendance à nous comparer. Cette tendance est répandue : 80 % des adolescentes rapportent comparer leur apparence à celle des autres sur les réseaux sociaux3. C’est normal de se comparer. Ça permet de s’évaluer et même de définir et préciser son identité. Cependant, la comparaison sur les réseaux sociaux est plus insidieuse puisqu’elle se fait avec du contenu soigneusement choisi sans qu’on ait conscience de tout ce qui se cache derrière les images (les multiples photos prises, les filtres utilisés, l’humeur et les sentiments de la personne, etc.). L’idée qu’une apparence « améliorée » semble être à notre portée crée une pression à correspondre aux standards de beauté. Cette pression peut avoir des effets néfastes sur l’estime de soi, l’image corporelle et la santé mentale. En effet, elle peut aussi entraîner une dépendance aux réactions positives et amener une personne à accorder une grande importance à l’apparence.
En tant que parent, être conscient.e de ces enjeux permet d’accompagner notre enfant dans son expérience sur les réseaux sociaux, d’ouvrir la discussion sur des stratégies pour favoriser son bien-être en ligne et de miser sur les facteurs qui protégeront son image corporelle. Voici quelques pistes:
Références :
Émilie est kinésiologue depuis 2018 et agente de développement chez ÉquiLibre. Elle se spécialise sur la thématique de l'image corporelle ainsi que dans la relation avec l'activité physique et la pratique intuitive de celle-ci. Elle possède un intérêt marqué pour la création d’outils et de contenu destinés à sensibiliser la population sur ces enjeux. « Je souhaite que tou.te.s aient l’opportunité de se libérer des messages de la culture des diètes et adoptent des habitudes de vie favorables à la santé et au bien-être pour le plaisir que cela leur procure. »