Publié le Lundi le 12 août 2024

Mon corps

L’insatisfaction corporelle, le culte de la minceur ou le désir de perdre du poids sont des préoccupations que l’on a tendance à attribuer aux femmes. Mais qu’en est-il des hommes?

L’image corporelle des hommes : un enjeu méconnu

Au Québec, plus de 4 hommes sur 10 rapportent être insatisfaits de leur poids1. La pression de se conformer à un idéal de beauté ne se limite pas uniquement aux femmes. En effet, près de 1 homme sur 32 ressent parfois, souvent ou toujours de la pression pour ressembler aux standards de beauté. Cette pression se manifeste différemment chez les hommes, pour qui une « belle » apparence doit refléter la masculinité et la virilité. Chez eux, les enjeux liés au poids et à l’image corporelle sont souvent associés à la grosseur des muscles ou encore à l’atteinte d’un corps athlétique. La pression sociale qu’ils peuvent ressentir pour atteindre ces standards de beauté peut nuire à leur santé et leur bien-être, en causant notamment :

  • une diminution de l’estime de soi3 ;
  • un risque plus élevé de détresse psychologique (ex. : symptômes dépressifs, anxiété, etc.)3;
  • un risque de développer de la bigorexie ou de la dysmorphie musculaire (dépendance à l’exercice physique pour développer sa masse musculaire à tout prix)4.

Pour mieux comprendre la réalité des hommes vivant avec des enjeux liés au poids, l’Association pour la santé publique du Québec a mené une étude où l’on apprend que5:

  • Le statut social a un grand impact sur l’importance accordée au poids et à l’apparence chez les hommes. Autrement dit, ils se sentent davantage vulnérables si ces enjeux influencent les différentes sphères de leur vie (ex. : activités et relations sociales, statut professionnel, rôle de père, habitudes de vie, rôle d’homme « fort », etc.).
  • Le vécu et les vulnérabilités des hommes face au poids ne semblent pas assez représentés dans l’espace public. On peut penser par exemple au mouvement « body positive » qui valorise la diversité corporelle et dont les discours sont davantage portés par et pour les femmes.

De quoi ont-ils besoin?

Plusieurs actions peuvent être mises en place pour que les hommes se sentent plus libres d’exprimer leurs ressentis et rechercher le soutien dont ils ont besoin pour favoriser leur santé et leur bien-être. D’abord, il est important de reconnaître que les hommes vivent aussi des enjeux liés à leur apparence corporelle et qu’ils peuvent être vulnérables face à ces derniers. En ce sens, l’organisme Arrimage Estrie a développé une série de capsules vidéo qui répondent à plusieurs questions sur l’image corporelle des hommes. Lorsqu’ils rencontrent des difficultés, les hommes ont tendance à les garder pour eux et hésitent souvent à demander de l’aide6. Pour inverser la tendance, il est essentiel de promouvoir des espaces sécuritaires et respectueux où ils peuvent partager leurs expériences et avoir accès à des modèles inspirants. Des organismes comme ANEB peuvent leur apporter ce soutien, notamment pour les hommes qui sont touchés par des enjeux d'image corporelle. Finalement, il importe d’augmenter l’accès à des interventions et des services à destination des hommes qui tiennent compte de leurs besoins et de leurs réalités. À cet effet, le Regroupement des Organismes pour Hommes de l’Ile de Montréal (ROHIM) propose plusieurs ressources pour venir en aide aux hommes sur différents enjeux de santé et de bien-être.

Que pourriez-vous faire, à votre échelle, pour favoriser une image corporelle positive chez les hommes?

Références

1 Léger. (2023). Sondage réalisé pour le compte de l’Association pour la santé publique du Québec en février 2023 auprès de 1 000 Québécois(e)s âgés de 18 ans et plus. 2 Léger. (2023). Sondage réalisé pour le compte d’ÉquiLibre. Rapport : Préoccupations envers le poids, l’alimentation et la pratique d’activité physique. Sondage auprès de Québécois(es) âgé(e)s de 14 ans et plus. 3 Barnes M, Abhyankar P, Dimova E, Best C. (2020). Associations between body dissatisfaction and self-reported anxiety and depression in otherwise healthy men: A systematic review and meta-analysis. PLoS ONE 15(2): e0229268. https://doi.org/10.1371/journal.pone.0229268 4 ANEB. (s.d.). Quand la musculation devient une dépendance. Disponible au : https://anebquebec.com/troubles-alimentaires/quand-la-musculation-devient-une-dependance 5 Association pour la santé publique du Québec. (2024). Trousse pour des communications saines liées au poids. Différents groupes d’hommes et leurs vulnérabilités face aux messages liés au poids. Disponible au : https://collectifvital.ca/files/P2-Enjeux_poids/Trousse-fran%C3%A7ais/Archetypes-hommes_FR.pdf 6 Tremblay, G. (2016). Perceptions des hommes québécois de leurs besoins psychosociaux et de santé et de leur rapport aux services. Université Laval. Disponible au : https://www.polesbeh.ca/sites/polesbeh.ca/files/uploads/rapport_finalavec_isbn_1_fev_2016.pdf

Géna Casu
À propos de l'autrice Géna Casu est infirmière de formation (en France) et titulaire d'une maîtrise en santé publique de l’Université de Montréal. Elle exerce un rôle de chargée de dossiers au sein du Collectif Vital. Après un stage professionnel de maîtrise portant sur la vente et la promotion des produits amaigrissants au sein des pharmacies québécoises, elle poursuit son implication pour sensibiliser la population aux risques et à l'inefficacité de ces produits. En parallèle, elle travaille sur un projet visant à favoriser l'adoption de communications saines et inclusives à l'égard du poids au sein du milieu médical. « Avoir une alimentation équilibrée, bouger pour le plaisir, développer une relation saine avec son corps : ce sont autant de manières d'adopter un mode de vie sain, bien au-delà du poids sur la balance! »
Hendrik Pineda
À propos de l'auteur Hendrik est titulaire d’une maîtrise en santé publique à l’École de santé publique de l’Université de Montréal et d’un baccalauréat en kinésiologie à l’UQAM. Son stage au Collectif Vital l'a amené à travailler sur le lien entre la grossophobie et l'activité physique chez les adolescent.e.s. Depuis janvier 2023, il travaille en tant que chargé de dossiers sur les communications saines liées au poids. « Le poids ne devrait pas être un sujet tabou ni un motif de stigmatisation dans nos sociétés. En gros, parlons-en différemment! »