La grossophobie nuit à la santé
Quand on vit dans un corps gros, les préjugés et les discriminations liés au poids fusent de toutes parts : professionnel.le.s de la santé, employeur.euse.s, médias, membres de la famille, ami.e.s ou étranger.ère.s. Or, ces attitudes, points de vue et comportements négatifs sont loin d’être sans conséquence; la plupart du temps, ils entraînent chez la personne qui les subit des sentiments de honte, de tristesse ou de colère qui peuvent mener à une faible estime de soi, une insatisfaction corporelle et des troubles de santé mentale et physique (par exemple une dépression et des pratiques malsaines de contrôle du poids).
Pourtant, le mythe selon lequel toutes les personnes grosses sont en mauvaise santé n’a rien de vrai; il implique plusieurs notions erronées entourant le poids corporel. D’abord, il faut savoir qu’on ne peut rien connaître de l’état de santé de quelqu’un en se fiant uniquement à son enveloppe corporelle. Comme l’affirme Benoit Arsenault, épidémiologiste et professeur titulaire au Département de médecine de l’Université Laval, « tous les types de corps, gros ou minces, peuvent être en bonne ou en mauvaise santé. »
Plusieurs facteurs influencent la santé
Ensuite, il faut rappeler qu’il existe une foule de facteurs qui influencent notre état de santé, que l’on vive dans un corps mince ou gros : la biologie, le patrimoine génétique, le stress, le manque de sommeil, l’historique familial, l’environnement physique, le contexte socioéconomique, l’accès aux services de santé, la médication, le temps passé devant les écrans, la consommation d’alcool, le tabagisme, les fluctuations hormonales et la sédentarité, pour n’en nommer que quelques-uns. De plus, ces facteurs ne se modifient pas tous aussi facilement qu’on le souhaiterait!
Les diètes nuisent à la santé
Point intéressant à noter, l’épidémiologiste souligne que « des études démontrent clairement que les diètes ne fonctionnent pas à long terme ». Donc, même en contrôlant ce qu’on mange et en faisant beaucoup d’exercice physique, on pourra peut-être perdre du poids pendant quelques semaines, voire quelques mois, mais au fil du temps, les livres perdues seront presque toujours regagnées, avec quelques autres en prime. « Pour la majorité des gens, la succession de régimes qui se transforment en cycles de perte et de reprise de poids, façon yoyo, n’a aucun bénéfice concret, explique Benoit Arsenault. Au contraire, ils peuvent générer de graves conséquences, entre autres au niveau de la santé cardiovasculaire et sur le plan de l’estime de soi et de la santé mentale. » Ce qui veut dire que bien souvent, c’est en voulant perdre du poids pour déjouer le préjugé selon lequel toutes les personnes grosses sont en mauvaise santé que ces dernières font vivre à leurs corps des yoyo beaucoup plus dommageables que souhaitables.
Comment améliorer sa santé ?
Alors comment optimiser notre état de santé – quels que soient notre poids et nos prédispositions génétiques, sociologiques et environnementales? « Avoir un mode de vie actif et manger de façon équilibrée, sans mettre l’accent sur la perte de poids, répond Benoit Arsenault. La plupart des gens ne perdront pas de poids comme ça, mais ils amélioreront leur santé cardiovasculaire. De toute façon, une perte de poids n’est pas toujours synonyme de bonne nouvelle. Pensez par exemple aux personnes âgées : quand elles perdent subitement beaucoup de poids, c’est souvent un signe que quelque chose cloche dans leur état de santé! »
Pour terminer, rappelons que le poids d’une personne à lui seul ne dit strictement rien sur son état de santé. La santé, qui est un état de bien-être physique, mental et social, est effectivement influencée par de nombreux facteurs pour la plupart non modifiables ou hors de notre contrôle. Si les personnes grosses ne sont pas toutes en mauvaise santé, les personnes minces ne sont pas toutes en bonne santé, et vice-versa.
À propos de l'autrice
Fan de mode, de beauté, de culture, de cuisine et de tendances de société, Joanie Pietracupa est une rédactrice, journaliste et autrice, ex-rédactrice en chef du magazine VÉRO, du ELLE Québec et du ELLE Canada. Après avoir occupé le poste de rédactrice en chef chez LOULOU (par intérim) puis Clin d'œil, elle a œuvré pendant deux ans à titre de journaliste pigiste pour les magazines ELLE Québec, Coup de pouce, Châtelaine, Clin d'œil, Bel Âge et VÉRO, ainsi que pour La Presse+. Parmi ses sujets de prédilection: l'anxiété, la confiance corporelle, l'estime de soi, la diversité sous toutes ses formes et l'information au service de tous. Ses compétences en création de contenu d'actualité, tant sous la forme de mots que d'images, ainsi que ses connaissances approfondies des médias et des femmes, en font une bonne candidate pour siéger sur le conseil d'administration d'ÉquiLibre.