Les applications de rencontre affectent-elles l’image corporelle?

Les applications de rencontre ont radicalement transformé l’intimité d’aujourd’hui. Toutefois, cette évolution technologique soulève des préoccupations, particulièrement concernant l’image corporelle, car ces plateformes reposent sur une première impression basée sur une ou plusieurs photos de profil. Les préoccupations pouvant naître de l’utilisation de ces plateformes façonnent notre perception de nous-mêmes et influencent notre bien-être1.

Les impacts des normes des applications sur l’image corporelle

Les normes imposées par les applications de rencontre ont un impact considérable sur l’image corporelle des utilisateur.rice.s. Ces plateformes utilisent des algorithmes qui favorisent les profils les plus actifs, faisant en sorte que les utilisateur.rice.s les plus « visuellement attrayant.e.s Â» et correspondant aux standards de beauté bénéficient d’une plus grande visibilité2. Par ailleurs, l’utilisation de filtres et de retouche de photos permet aux utilisateur.rice.s d’« améliorer Â» leur apparence afin de correspondre aux normes de beauté « idéales Â», souvent dans l’intention d’attirer davantage d’attention.

Ensuite, la comparaison sociale devient une expérience inévitable sur ces applications. En défilant les profils, les utilisateur.rice.s peuvent être continuellement confronté.e.s à des profils correspondant aux standards de beauté dominants. Cette dynamique nourrit une forme de compétition implicite où les gens se comparent et se jugent par rapport aux autres, souvent de manière inconsciente. D’ailleurs, certaines études démontrent que les utilisateur.rice.s d’applications de rencontre seraient plus insatisfait.e.s de leur visage et de leur corps que les non-utilisateur.rice.s en plus d’être plus susceptibles d’intérioriser les normes sociales de beauté, de comparer leur apparence, de ressentir de la honte face à leur corps et d’adopter des comportements de surveillance corporelle comme s’objectifier et porter une attention constante à leur apparence1.

La gratification numérique, ou l’egoboost, obtenue par des matchs ou des likes, repose principalement sur l’apparence, transformant chaque match potentiel en jugement de notre valeur3. L’absence de réactions ou les échecs peuvent ainsi renforcer des complexes. Ce mécanisme réduit souvent la vision de notre corps à une simple image 2D, oubliant son rôle essentiel : nous déplacer, manger, ressentir du plaisir et vivre pleinement.

À force d’utiliser ce type d’application, les insécurités peuvent s’amplifier et entraîner des effets négatifs à long terme sur l’estime de soi4. Les utilisateur.rice.s peuvent se retrouver à vivre dans une spirale d’anxiété, accentuant leur insatisfaction corporelle et, dans certains cas, leur anxiété sociale5. Ces phénomènes peuvent contribuer au développement ou au maintien de troubles alimentaires et à l’utilisation de filtres ou de retouches photo par automatisme, ce qui augmente les risques psychologiques (anxiété, dépression, etc.) associés à l’utilisation de ces applications6.

Comment adoucir son expérience?  

Premièrement, il est encouragé de compléter son profil avec des informations reflétant sa personnalité plutôt qu’avoir simplement une photo. Ainsi, en personnalisant son profil, il est possible d’être apprécié.e pour autre chose que son apparence. De plus, choisir les plateformes selon ses besoins et faire une introspection sur ses critères de sélection, en cherchant à être soi-même au lieu de plaire à tou.te.s, est primordial. Limiter son temps d’utilisation et reconnaître les signaux de toxicité contribuent aussi à se protéger. En cultivant une confiance en soi qui ne dépend pas des jugements extérieurs et en se concentrant sur des relations authentiques, on peut se libérer des standards imposés, et ainsi, vivre une expérience plus épanouissante et saine sur ces plateformes.

Ma valeur est-elle uniquement basée sur votre perception?
Ou est-ce votre opinion de moi?
Ce n’est pas ma responsabilité.

[Traduction libre]
Billie Eilish

Pensez-vous qu’il est nécessaire d’appliquer quelques petits changements à votre utilisation des applications de rencontre pour prévenir et réduire les probabilités d’effets négatifs sur la perception de votre corps?

Références :

[1] Strubel J, Petrie TA. Love me Tinder: Body image and psychosocial functioning among men and women. Body Image. 2017 Jun;21:34-38. doi: 10.1016/j.bodyim.2017.02.006. Epub 2017 Mar 8. PMID: 28285177. https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/28285177/

[2] Olivera-La Rosa A, Arango-Tobón OE, Ingram GPD. Swiping right: face perception in the age of Tinder. Heliyon. 2019 Dec 2;5(12):e02949. doi: 10.1016/j.heliyon.2019.e02949. PMID: 31872122; PMCID: PMC6909076. https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/31872122/

[3] Orosz G, Benyó M, Berkes B, Nikoletti E, Gál É, Tóth-Király I, Bőthe B. The personality, motivational, and need-based background of problematic Tinder use. J Behav Addict. 2018 Jun 1;7(2):301-316. doi: 10.1556/2006.7.2018.21. Epub 2018 Apr 12. PMID: 29642722; PMCID: PMC6174578. https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/29642722/

[4] Trub LR, Stewart JL, Lomidze A, Lopez E, Starks TJ. Young Adult Women and Sexual Awareness in the Digital Age: Examining Pathways Linking Online Dating Debut and Mindfulness with Sexual and Mental Health. Arch Sex Behav. 2023 Oct;52(7):2859-2877. doi: 10.1007/s10508-023-02692-6. Epub 2023 Sep 19. Erratum in: Arch Sex Behav. 2023 Oct;52(7):2879. doi: 10.1007/s10508-023-02725-0. PMID: 37726556.  https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/37726556/

[5] American Psychological Association. (2016, August 4). Tinder: Swiping self esteem? [Press release]. https://www.apa.org/news/press/releases/2016/08/tinder-self-esteem

[6] Bowman, Z., Drummond, M., Church, J., Kay, J., & Petersen, J. M. (2024). Dating apps and their relationship with body image, mental health and wellbeing: a systematic review. Computers in Human Behavior, 108515. https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0747563224003832

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